Et c’est bien ce que l’on retient de la grande enquête menée par la Fevad auprès de ses membres, révélée lors de la conférence d'ouverture : Les trois quarts des dirigeants de sites de e-commerces français sont inquiets de l’impact de l’inflation sur leur activité. En conséquence, la grande majorité des répondants, 84%, craignent un report des consommateurs vers les sites et enseignes vendant des produits moins chers (hyper-discounts, destockage, seconde main, etc.). Pour faire face à l’inflation, ils sont désormais plus nombreux en 2024 à avoir annulé ou reporté certains investissements, (53% contre 49% en 2023), qu’à avoir réduit leurs marges (50% contre 53% en 2023). Concernant les prix, 67% des répondants prévoient de les augmenter en 2024, soit 16 points de moins que l’an passé (83%). L'inquiétude grandit face au durcissement de la fiscalité et de la réglementation du e-commerce. Pour 48% des interrogés ce sujet est très préoccupant en 2024. Ils n’étaient que 27% en 2023. L’inquiétude face à la limitation des flux logistiques en zone urbaine croit également. Ils étaient 19% à trouver ce phénomène très préoccupant en 2023 contre 30% aujourd’hui. Parmi les tendances explorées dans la conférence inaugurale, l’IA générative, mais aussi la seconde main et le paiement fractionné. Et pour ce qui est du paiement fractionné, croisé lors du déjeuner, un convive tire un signal d’alarme sur ces solutions, qui participent au surendettement et pourraient être réglementées sous peu… Un sujet pour 2025 ?
Les papotis du déjeuner
Croisé pendant les repas et autour d’un verre : le distributeur Decathlon se met à la market place, mais pas dans le sens habituel. Le distributeur, qui veut rivaliser avec Nike dans le monde, crée sa propre market place. Mais il explore aussi un nouveau domaine : vendre ses propres produits sur une market place extérieure. Décathlon a déjà commencé avec Alltricks (une place de marché acquise par le groupe, certes).
- Sheerid vérifie l’identité pour proposer par exemple des promotions destinées aux étudiants. Mais pas seulement : des compagnies aériennes se servent de ses données (qui combinent 200 000 bases de données dans le monde, pour proposer des services additionnels à ses jeunes clients. La donnée vérifiée appartient à la marque.
- L’ancienne dirigeante de Jam, Marjolaine Grandin, a mené un atelier pour One to One le lundi, pendant 45 minutes, avec une quinzaine de personnes sur le volet (Meta, le Bon Coin, Sephora…). Pendant 5 minutes, chacun s’est interrogé sur le rôle qu’il aurait dans le groupe, et trouvé son « Ikigai ». Puis 4 sous groupes ont développé un guide du salon, un chat bot, une chanson, grâce aux outils d’IA dénichés par Marjolaine.
La vidéo a été générée sans enregistrement. Les prompts ont été affinés par Prompt Perfect et branchés sur midjourney et Dall-E. Et la chanson a créé un wow effet à la séance de restitution. Des dirigeants ont eu le plaisir de créer « hands on » et Marjolaine est sortie avec un carnet de commande bien rempli pour renouveler l’expérience !
La Keynote Mirakl
Le 28 septembre 2023, Mirakl et Havas Media annonçaient un partenariat mondial. Capucine Pierard, vice présidente d’Havas media, Octavie Gosselin, VP et Philippe Corrot co-fondateur de Mirakl étaient sur scène du palais Grimaldi pour en dire davantage. En effet, le retail media fait un effet de relais de croissance pour des distributeurs sous pression de l’inflation, de la réduction de marge et l’explosion des coûts publicitaires. Au quatrième trimestre 2023, le retail media est devenu la première source de revenus pour Amazon avec 14 milliards de CA, soit 10 % du CA global. Aux USA, le retail media représente 4,7 % du CA des retailers, mais 1,5 % seulement en Europe, et 0,8 % pour la France. Le potentiel est là pour tous les distributeurs : le marché va se développer de 30 % par an, et de 18 % pour Amazon.
Mirakl comptabilise 2 milliards de visiteurs, 100 000 vendeurs et 5 000 marques. Il y a deux ans, la société a racheté Target to sale , qui permet de pousser le produit à recommander en fonction du profil du consommateur. Philippe Corot a « mis cette techno au cœur du retail media , pour avoir la bannière la mieux adaptée au profil client. Et l’IA fait le travail de planification des campagnes. » Un atelier détaille d’ailleurs mardi après midi la solution Mirakl implémentée chez Maison du Monde, qui a lancé son programme de retail media en 2023.
Pour Capucine Pierard, le retail media est un sujet « sous estimé par les dirigeants de groupes de distribution, qui ne voient pas encore à quel point il est stratégique et doit s’intégrer dans l’ADN du commerçant. Les distributeurs pensent qu’Amazon a tué le game, mais il n’a fait qu’ouvrir le terrain ».
Le retail media est encore très axé sur la transformation : « 70 % des volumes issus des requetes produit. Mais la vidéo et contenu enrichi permettent de mener aussi des campagnes d’image. Mirakl et Havas tombent d’accord, pour conclure ce panel « Les distributeurs doivent se lancer vite et avec une stratégie différenciante. » Et la dirigeante d’Havas adresse un message aux retailers : « partagez la valeur avec des outils de yield management pour que le marché se développe ne soyez pas trop gourmands »
Keynote Visa
Sophie Noël directrice retail Visa confie l’intro de son keynote à Sofyane Medaoui, champion de basket fauteuil , pour bien soulilgner l’importance du travail d’équipe. Elle lance Click to Pay, nouveau standard d’achat en ligne, simple et sécurisé, sur tous les appareils connectés. Ce sera répété amplement, comme dans une publicité Pampers ; Virginie Melaine Christensen, Dg Adyen souligne que "67 % des consommateurs attendent une expérience pus valorisante. Mais seulement 18 % des e commerçants investissent dans l’amélioration de l’expérience consommateur. Les ventes en ligne représentent 12 % des ventes en France. Le paiement mobile explose, avec 137 % d’augmentation . Et le taux de fraude, à 0,1 % est le plus bas jamais atteint".
Les commerçants ne veulent pas ralentir le parcours d’achat avec une inscription. Proposer click to pay aux clients en tant qu’invités permet de se rapprocher du one click. Bernard Osta directeur financier vestiaire collective est le premier à implémenter la solution : « Nous espérons avec CTP réduire le taux d’erreur de saisie de 10 %.Notre enjeu est d’augmenter la pénétration de la seconde main dans la mode ». En 2023, 20 marchands ont lancé Click to pay, et obtenu en moyenne 4 % d’augmentation du taux d’autorisation. Le parcours d’achat est 25 % plus rapide. Avec l’ajout de la biométrie, cela va encore s’accélerer. La cible de cette nouvelle solution ? « Les 50 % de transactions cartes qui sont saisies manuellement ». Sophie Noel s’attend à un taux d’adoption très élevé. Visa va travailler cette année avec les banques pour embarquer la solution dans les cartes. Puis les commerçants joueront leur partition, en intégrant la soution soit directement, soit via leur PSP.
Keynote Payplug, sur le futur du paiement
Antoine Grimaud, le co fondateur de Payplug (créé en 2012) a planché avec brio sur les tendances du paiement. Payplug équipe plusieurs milliers de commerçants, il a pour actionnaire la BPCE qui émet 20 % des cartes de paiement en France, ce qui lui donne une bonne vision générale.
Après 20 ans de croissance ininterrompue le E commerce atteint un plateau depuis trois ans, et pèse 27 % du mix commerce. En 2023, la vente de produits est en retrait , et compensée par la vente de services. Des secteurs sont à l’arrêt, comme l’electro ménager, la maison, le bricolage. Trois secteurs se portent bien : +14 % de clients de hard discount +33% seconde main vestimentaire + 15 % voyage. Le cosmétique et reconditionné ont aussi une croissance à deux chiffres. Mais la consommation pourrait reprendre à la faveur des JO. « Pendant la coupe du monde de rugby, l’augmentation de la conso liée à cet événement a été de 8% ». Pour les JO, 7 millions de personnes ont acheté des billets, venant de 170 pays. Depuis 2019, le paiement sans contact a quadruplé, et les paiemennts mobiles, fait X23. « La prochaine étape est d’amener la même chose chez les commerçants, avec le paiement mobile via tablette » Apple a lancé Tap to pay depuis 2 ans aux USA, et depuis 4 mois en France. Le paiement intervient en approchant l’un de l’autre deux iPhone. « La solution est adaptée aux petits commerçants, mais aussi aux grands, pour mieux gérer les files d’attente : 76 % des Français ont déjà quitté un magasin en raison d’une file d’attente trop longue.». Pour aller plus loin, on peut aussi embarquer le paiement sans contact dans une tablette métier. Payplug est très expert de la carte : « aujourd’hui 350 moyens de paiement locaux sont dispo à l’international. Mais aucun PSP ne peut régner partout . Du coup nous travaillons dans l’orchestration, les 3 qui manquent du top 10 vont basculer, négo résilience performance. Le commerce va etre plus unifié et plus orchestré.
Et le futur ? 2025, l’année de l’Open banking.
L’open banking a seulement 44 % de taux d’acceptation : « Cela ne peut pas être une méthode de paiement principal, il n’y a pas d’autorité de certification, chaque banque implémente l’openbanking, cela crée des disparités. Mais le système est indépendant des rails carte, dans des stratégies de roll back, peut etre intéressant 2026 : L’EPI 16 banques européennes créent un nouveau mode de paiement hybride virement instantané / carte. Le premier paiement par EPI a été réalisé entre client Banque pop et spaar kasse en Allemagne. « La solution a le mérite d’adresser les faiblesse de l’open banking »
27 -28 : l’Euro numérique
La BPCE vient de lancer la phase préparatoire L’Euro numérique se substituera au cash pour les paiements en magasin. Les commerçants seraient obligés de l’accepter.
Geneviève Petit