Parlons peu, parlons incertitude. Entre crises économiques, pressions environnementales, mutations technologiques et attentes consommateurs en pleine reconfiguration, les marques de retail et d’e-commerce avancent sur des sables mouvants. Leur plan stratégique ? Il fond souvent comme neige au soleil. Alors comment tenir le cap ? Une piste : faire du learning un levier de transformation, bien au-delà de la case "formation RH".
C’est le pari d’Agnès Alazard, cofondatrice de Maria Schools, venue secouer nos certitudes lors de l’événement One to One Retail E-Commerce.
VUCA, BANI… et nous au milieu
Vous vous souvenez de l’acronyme VUCA (Volatilité, Incertitude, Complexité, Ambiguïté) ? Il fait figure de doux euphémisme face à la nouvelle grille de lecture que proposent les prospectivistes : BANI, pour Brittle (fragile), Anxious (anxieux), Nonlinear (non linéaire), Incomprehensible (incompréhensible). Rien que ça.
Dans ce contexte, la notion même de plan stratégique linéaire perd de son sens. « Tout le monde a un plan jusqu’à ce qu’il prenne un coup de poing dans la figure », plaisante Agnès, citant Mike Tyson. Pour elle, il faut réapprendre à raisonner : abandonner les roadmaps gravées dans le marbre et cultiver une pensée par scénarios, attentive aux signaux faibles. Mais surtout, se libérer de trois freins : le jugement, le cynisme et la peur.
Le learning n’est plus une option
Alors comment avancer quand l’environnement change plus vite que les organisations ? En remettant l’apprentissage au cœur du jeu. Pas l’apprentissage descendant, figé, en mode e-learning poussiéreux. Mais un learning actif, appliqué, stratégique.
C’est l’ADN de Maria Schools. Ici, on ne parle pas "contenu prêt-à-consommer", mais désapprendre pour faire de la place et se mettre en capacité d’apprendre à partir de nos besoins d’aujourd’hui, puis expérimenter, et mettre en pratique, concrètement. « Notre seule obsession, c’est que ça fonctionne. On apprend en faisant », insiste Agnès. L'inspiration ? Maria Montessori, évidemment.
Le résultat : des formations co-construites avec les équipes, en prise directe avec leur quotidien. Le tout porté par des méthodes pluridisciplinaires, issues autant de la pédagogie que du design thinking, des neurosciences ou… du yoga.
Les compétences clés ne sont pas celles qu’on croit
Savoir coder ou manier une IA générative, c’est important. Mais pas suffisant. D’après l’OCDE, 80 % des compétences fondamentales d’ici 2030 seront cognitives. Le futur du travail sera d’abord humain.
Collaboration, communication, créativité, pensée critique… ces fameuses "soft skills" deviennent la nouvelle monnaie d’échange. À une nuance près : elles ne suffisent plus non plus. Il faut y ajouter une méta-compétence : l’adaptabilité. Et pour cela, apprendre à apprendre devient un art de vivre.
Maria Schools mise sur une forme de raisonnement trop rare dans le monde pro : la pensée computationnelle. Formuler un problème, tester, échouer, ajuster, recommencer. Le tout sans peur de se tromper. Et si le learning by doing devenait votre prochain levier de croissance ?
Apprendre, c’est aussi (re)donner envie
« Qui ici a fait du sport la semaine dernière ? Et qui s’est formé ? » La question posée par Charlotte Bricard, animatrice de la conférence, a fait sourire la salle. On prend soin de son corps, pourquoi pas de son cerveau ?
Mais attention, pour que les collaborateurs aient envie de se former, il faut changer de paradigme. Agnès parle de "skills-based organization" : des entreprises où chacun connaît ses compétences, ses envies de progression, et construit son parcours pro comme un jeu de cartes à enrichir.
Certaines grandes maisons s’y mettent – L’Oréal, LVMH, Danone… – car elles ont compris que l’enjeu n’était plus seulement la performance, mais la rétention et la résilience collective.
Inspirations venues d’ailleurs… et d’ailleurs inattendus
Chez Maria Schools, on regarde aussi du côté de New York, où le concept de Daybreaker mêle yoga et danse à l’aube pour booster l’énergie des participants. Ou du Japon, avec le "Shoshin", cet esprit du débutant qui permet de rester curieux, ouvert et humble, même quand on est expert.
Ce n’est pas anecdotique : cette posture mentale fait toute la différence dans un monde qui évolue à vitesse folle. Et c’est précisément cette énergie-là qu’il faut injecter dans nos organisations.
Pour conclure : le learning comme boussole
Apprendre en continu ne devrait plus être un luxe, ni une option RH. C’est un investissement stratégique face à l’incertitude. Une façon de muscler notre capacité collective à improviser, à rebondir, à innover – bref, à rester en mouvement.
Et si, pour affronter les tempêtes à venir, vous décidiez de faire du learning votre plan A ?
